Ayant coordonné avec d’autres la recherche participative internationale sur Les dimensions cachées de la pauvreté, je peux témoigner des énormes efforts entrepris par les co-chercheurs pour fournir un travail de qualité, dans des conditions parfois très difficiles. Au terme de trois années d’un travail intense en cinq langues, pendant lesquelles les chercheurs universitaires, les professionnels et les participants en situation de pauvreté étaient tous fiers du travail accompli, mais aussi très désireux qu’il soit vraiment utile à la lutte contre l’extrême pauvreté.
La méthode très participative de la recherche conduit aussi chacun à s’interroger sur sa manière d’agir et sur ses relations avec les plus pauvres. Comment les associer vraiment aux projets mis en œuvre pour ne laisser personne de côté ? Comment prendre le temps de créer la confiance avec eux, de cesser de penser à leur place ? Comment leur donner le temps de construire leur propre pensée en groupes de pairs avant de la partager avec d’autres pour accroître leur « pouvoir d’agir? » « Ce rapport nous aide à nous positionner. Faisons-en un livre de sagesse », écrit une praticienne.
« Ceux qui marchent humblement avec les plus pauvres vont de douleur en douleur, de surprise en émerveillement » disait Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde. Cette recherche participative internationale en est une belle illustration.
A l’ouverture de la 26ème conférence sur le climat à Glasgow, une jeune militante écologiste du Kenya s’écriait : « J’ai vu de mes propres yeux trois jeunes enfants pleurer devant une rivière asséchée après avoir marché 20 kilomètres avec leur maman pour chercher de l’eau. »
Continuons à cheminer avec ces enfants et leurs parents, pour compatir à leur souffrance, soutenir leur résistance et être ensemble le changement que nous voulons pour faire reculer la grande pauvreté en respectant toutes les personnes et notre planète.
Xavier Godinot,
coordinateur de la Recherche sur les Dimensions Cachées de la Pauvreté