Commémoration internationale

Le Département des affaires économiques et sociales ainsi que d’autres agences des Nations Unies marquent chaque année la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté avec de nombreux partenaires, en particulier avec le Comité international 17 octobre et avec des personnes en situation de pauvreté et celles qui agissent à leur côté pour un monde sans pauvreté.


Chaque année, la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté est l’occasion de reconnaître les efforts et les luttes des personnes vivant dans la pauvreté, pour qu’elles puissent faire entendre leurs préoccupations aux Nations Unies et aux États membres et pour que le monde reconnaisse qu’elles sont les premières à lutter contre la pauvreté. Aujourd’hui, les plus pauvres sont aussi les plus touchés par les épidémies et le changement climatique.

Mettre fin à la maltraitance sociale et institutionnelle est le thème général de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté pour 2024-2025. L’importance de ces deux phénomènes de maltraitance et l’impact fondamental qu’ils peuvent avoir dans la vie des gens est une des réalisations de la recherche sur les Dimensions cachées de la pauvreté, menée par ATD Quart Monde dans 6 pays, en collaboration avec l’Université d’Oxford. Aussi, l’absolue nécessité de lutter contre la maltraitance institutionnelle fait écho à l’objectif de développement durable n° 16, qui vise à (voir résolution 70/1 de l’Assemblée générale de l’ONU, datée du 25 septembre 2015, en page 27) :

« Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous ».


Le rapport international de la recherche sur les Dimensions cachées de la pauvreté définit la maltraitance institutionnelle comme suit (voir page 19) :

« La maltraitance institutionnelle consiste en l’incapacité des institutions nationales et internationales, de par leurs actions ou leur inaction, à répondre de manière appropriée et respectueuse aux besoins et à la situation des personnes en situation de pauvreté, ce qui les conduit à les ignorer, les humilier et à leur nuire ».

Pour reprendre les mots d’une contribution collective en provenance du Luxembourg (voir page 9) :

« […] On est aussi dépendant des institutions. Très souvent, il faut aller demander de l’aide. On est sous pression. Courir à gauche et à droite, raconter sa vie encore et encore. Nous revivons des jugements, basés sur notre apparence, sur notre histoire familiale, sur notre parcours… Alors dans les contacts avec les services d’aide, on ne se sent pas compris. La communication est difficile. Il arrive qu’on n’ose même plus demander de l’aide, car on a l’impression que personne ne peut ou ne veut nous aider. »




Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté 2024

« Les progrès vers la réalisation de la plupart des Objectifs de développement durable ont été trop lents ou même en recul. Les efforts de réduction de la pauvreté s’essoufflent dans de nombreux pays du monde.

Je suis convaincu que les progrès décevants réalisés en matière d’élimination de la pauvreté au niveau mondial reflètent la déconnexion croissante entre la prise de décision au niveau multilatéral et l’action menée au niveau national.

Aux Nations Unies, les États membres ne sont pas tenus responsables de leur échec à remplir leurs obligations, y compris celles concernant les Objectifs de développement durable.

L’incapacité des gouvernements à remplir leurs obligations en matière d’élimination de la pauvreté peut être interprétée comme une forme de maltraitance systémique, sociale et institutionnelle, envers les personnes vivant dans la pauvreté. »

Extrait du message du Président d’ATD Quart Monde, Donald Lee, à l’occasion de la journée.


Le 17 octobre 2024 a été l’occasion de commémorations, à la fois dans la prestigieuse salle de l’ECOSOC, ainsi que dans les jardins du siège de l’ONU à New York.

Maryann Broxton, représentante principale d’ATD Quart Monde au siège de l’ONU à New York, a introduit les deux maîtres de cérémonie, Stacy White (militante d’ATD Quart Monde depuis plus de 10 ans) et Clara Ceravolo (employée à la Division de la politique sociale et de la protection sociale de l’UNICEF, au sein de l’équipe « Pauvreté infantile et protection sociale »).

Wenyan Yang, cheffe employée à la branche du Dialogue global pour le développement social, rattachée à la Division pour un développement social inclusif de l’UN DESA, a lu le message d’António Guterres, le Secrétaire général de l’ONU. Dans son message, António Guterres a rappelé que pour éliminer la pauvreté dans le monde, « il faut que les États se dotent d’institutions et de systèmes qui placent les gens au cœur de leur action ».


Charles Katoanga, Directeur de la Division pour un développement social inclusif de l’UN DESA, a ensuite pris la parole. Il a rappelé que : « La maltraitance sociale des personnes vivant dans la pauvreté, par la discrimination et le manque de respect, cause un préjudice considérable aux individus, dans des communautés déjà en difficulté. Elle conduit à l’exclusion sociale et à la stigmatisation qui privent les personnes de leur dignité ».

Le temps de commémoration s’est poursuivi par les témoignages de 4 personnes.

Asha Mohamed, membre d’ATD Quart Monde à Dar es Salaam, en Tanzanie, revenant sur son expérience de co-chercheuse lors du travail sur les Dimensions cachées de la pauvreté en Tanzanie, a témoigné du fait qu’elle a appris que : « les personnes vivant dans la pauvreté n’abandonnent jamais ; elles travaillent dur pour éliminer la pauvreté, mais parfois leurs efforts sont détruits par les institutions publiques et privées » et que sans la pleine participation des personnes qui vivent dans la pauvreté, « le développement inclusif ne pourra pas être atteint et, par conséquent, la pauvreté continuera d’exister ».


Alain Meylan, membre d’ATD Quart Monde en Suisse, ayant participé en tant que co-chercheur au projet de recherche participative « Pauvreté, Identité, Société », a évoqué son expérience d’enfant placé. Lorsqu’on est considéré comme un bon-à-rien, comme irrécupérable, « Cela touche à l’identité des personnes. C’est une violence qui touche l’âme », a-t-il déclaré. Il a conclu son intervention par ces propos très forts : « Nous avons le devoir de montrer au monde que l’on peut changer le monde ! ».


Tyler Byrd, qui a partagé son expérience et celle de sa famille dans les centres d’accueil pour sans-logis. Il a partagé le fait que « beaucoup des centres d’accueil de la ville vous voient VOUS comme le problème qu’il faut régler, plutôt que comme des êtres humains ». Il a tout simplement rappeler, en guise de conclusion de son intervention, que « Personne ne veut être dans cette situation où il doit supplier pour obtenir de l’aide, supplier pour un logement. C’est déjà assez difficile comme ça pour ces personnes. Ne soyez pas la raison pour laquelle cela semble encore plus difficile ».


Nancy Santos, Directrice adjointe du Project Access à l’ « université communautaire » (community college) de Roxbury (un quartier de Boston, au Massachusetts) a partagé le travail de son équipe au « Projet Accès », qui fournit aux étudiants un soutien intégral pour régler les difficultés qui dépassent le cadre académique et qui empêchent souvent les étudiants de continuer leurs études jusqu’à l’obtention de leur diplôme, comme l’insécurité alimentaire, l’insécurité de logement, la difficulté d’accès à une assurance santé, à une représentation légale ou autre. « Avoir faim n’est pas honteux, mais c’est laisser les gens avoir faim qui est honteux » a-t-elle déclarée.


Rashmi Banga, cheffe à la branche de recherche sur le développement de la Division économique et politique de l’UN DESA a partagé certains des résultats présentés dans le Rapport social mondial 2024 (World Social Report) récemment publié.

Christophe Bigot, l’Ambassadeur de France a l’ONU a ensuite été invité à clôturer cette célébration dans les locaux de l’ECOSOC. Témoignant son respect pour les quatre interventions précédentes, il a initié sa déclaration par les mots suivants : « Il n’y a pas de discours qui puissent égaler la force et la vérité qui ont été partagées cette après midi ». Il a poursuivit en disant : « Ce combat contre la pauvreté est le combat de tous. Ce combat est au cœur de l’action des Nations Unies. Ce combat est inséparable du combat pour la paix ».

Après avoir été invitées à poursuivre dans les jardins de l’ONU, les personnes présentes ont pu poursuivre le reste de la cérémonie en écoutant une intervention de Donald Lee, Président du Mouvement international ATD Quart Monde. Il a profité de cette opportunité pour revenir sur l’esprit de la Journée du 17 octobre.

Des élèves de l’École internationale des Nations Unies ont lu le texte de la dalle commémorative dans les six langues officielles de l’ONU (anglais, arabe, espagnol, français, mandarin et russe), après quoi, un moment de silence a été respecté.

Enfin, les personnes présentes à l’événement ont été invitées à déposer un mot comme geste de solidarité envers les victimes de la misère, ainsi qu’à prendre une photo de groupe.

La journée à aussi été ponctuée par plusieurs chansons, interprétées par ALBA Musik, un groupe composé de la vocaliste Bárbara Martínez et du guitariste Albert Alabedra, qui ont été par moments rejoints par d’autres artistes.

Les interventions remarquables de différents invités nous incitent à continuer nos efforts pour bâtir un monde sans pauvreté.

Voici l’enregistrement vidéo de la commémoration internationale 2024 à l’ECOSOC

Voici l’enregistrement vidéo du Facebook Live dans les jardins de l’ONU
(de 8:35 à 32:20 dans la vidéo)