En Bolivie, quelques semaines avant le 17 Octobre 2022, un groupe de personnes, militants, amis et alliés du Mouvement ATD Quart Monde se sont réunis pour se préparer ensemble. Ils ont réalisé cinq binômes qui ont réfléchi autour de trois questions sur la dignité en action. De cette façon, ils se sont préparés pour l’événement du 15 octobre à l’Assemblée des Droits de l’Homme à La Paz, durant lequel ils ont écouté leurs témoignages respectifs et ont travaillé en groupes.


Il y a eu des moments de grande écoute, comme lors de la lecture du témoignage collectif « La dignité en action ».

« Quand nous vivons la pauvreté, ils nous font ressentir que nous sommes inférieurs aux autres : ils nous discriminent à cause de nos vêtements, au travail, à l’hôpital car nous n’avons pas pu étudier à l’université et que nous ne savons pas nous exprimer.
Nous nous tournons vers des emplois qui ne nous aident pas à maintenir notre dignité, nous acceptons des emplois mal payés, parfois ils ne nous paient même pas.
La discrimination et l’humiliation existent depuis que nous sommes enfants, ils nous font passer pour des ignorants jusqu’à l’âge adulte. Nous ne pouvons pas nous défendre donc ils nous piétinent. Devant la grande nécessité, on en arrive à laisser de côté notre dignité.
Nous avons des connaissances, mais elles ne sont pas valorisées ni respectées. »
L’attention était particulièrement grande à l’écoute de l’histoire de vie et de résistance de Madame Martha, qui nous l’a lue avec beaucoup de courage.
« Il nous faisaient travailler très dur et ils nous payaient une misère. Beaucoup profitaient de notre situation, nous étions des enfants sans défense. Supporter les mauvais traitements, les insultes, qu’on te dise que tu es bête, que tu ne sais rien, que tu dois apprendre. Ils ne t’enseignent les choses qu’une fois. Comme j’étais encore une enfant, je ne pouvais pas apprendre correctement les choses qu’il fallait faire. C’est comme ça que j’ai grandi. J’ai vécu des humiliations, nous avons toujours été traités comme des Indiens, comme des pauvres qui ne savent rien, qui sont ignorants. Nous grandissons sans espoir, sans rêves, sans désirs, sans mots d’encouragement et sans perspective d’avenir meilleur. C’est ce que te font croire les autres. (…)
Aujourd’hui, j’ai ma famille et je refuse que mes enfants souffrent comme j’ai souffert car lorsqu’on me frappait, il n’y avait personne pour me défendre. Je ne veux pas que mes enfants manquent du nécessaire pour vivre. (…)
Tout ce que j’ai vécu, beaucoup de familles le vivent encore aujourd’hui. Nous luttons chaque jour pour aller de l’avant, pour que nos enfants aient un avenir meilleur. Aujourd’hui, j’ai appris à croire en moi car j’ai rencontré des personnes qui m’ont appris à me valoriser à nouveau en tant que personne et à croire en moi-même. »

Pendant ce temps là, un groupe de jeunes réfléchissait sur le thème de la dignité et de la justice environnementale. Ils ont peint une fresque murale et travaillé sur une vidéo pour inviter à la réflexion.



Chaque personne a de la valeur et de la dignité qu’il faut respecter et reconnaître, peu importe la situation qu’elle vit. Pour respecter la dignité de tous et toutes, il faut construire une société plus égalitaire et juste en détruisant les préjugés que nous avons sur les autres.
Il est nécessaire de prendre soin les uns des autres pour en finir avec l’humiliation et les inégalités. Nous devons être conscients de nos actes, nous mettre dans la peau de l’autre, nous accepter, nous valoriser et nous respecter tels que nous sommes.
Ensemble, nous pouvons changer les choses en mettant en pratique le vivre-ensemble, le partage et en nous soutenant entre nous. Nous devons aussi apprendre à nos enfants à mettre en pratique ces valeurs.
Sans rabaisser l’autre, nous devons arriver à une justice, à l’égalité et à la paix pour toutes et tous.