Je suis militante écologique (GAFE) technicienne en agriculture et étudiante en Science Juridique. Et aujourd’hui j’évolue comme Secrétaire Générale au sein d’une association dans le secteur handicapé qui s’appelle MCPHPSH: Mouvement citoyen des personnes handicapées physiques du Sud d’Haïti. (Cayes).

Je me suis engagée à aider à faire connaître le livre « Ravine L’Espérance » un livre écrit en hommage au courage des personnes dont la vie est très difficile. Ce roman haïtien a un succès extraordinaire à travers les colloques organisés autour du bouquin. Lors de mes déplacements pour des conférences sur le livre, je me suis confrontée avec une autre réalité criante, la pauvreté. Je dois vous dire que cela demande et réclame beaucoup de courage pour ne pas sombrer dans le désespoir.

Il y a une sorte de pauvreté psychologique dans la masse défavorisée. Il y a une négativité profonde dans l’être haïtien.

Il y a des choses qu’on n’aimerait pas dire. On essaye de passer l’éponge sur certaines réalités. Le problème de la pauvreté est vraiment complexe. Puisqu’en Haïti nos intellectuels sont absents, nos élites sont absentes, les gouvernants sont absents. Donc, nous devons combattre la pauvreté d’abord par une sorte de prise de conscience au travers de la masse. Sortir de la fatalité. Voir comment on va faire ensemble pour que les personnes puissent croire en elles-mêmes. Car, c’est un problème de confiance qui cause que les gens n’arrivent pas à éradiquer la pauvreté. Mettre ensemble nos cœurs dans nos actions.

Pour finir permettez-moi de partager avec vous une expérience que je porte dans mon cœur. Dans notre association, nous avons plusieurs jeunes femmes handicapées, mais il y a une parmi les plus vulnérables, je me permets de citer son nom. Elle s’appelle Sima Marielle, elle a été victime d’une fièvre et c’est la cause de son handicap, sa famille a onze enfants. Malgré sa déficience physique et son manquement intellectuel, sa famille compte sur elle pour survivre. L’année dernière elle a consentie d’énormes sacrifices pour pouvoir suivre un cours de technique en agriculture qui était son premier certificat. Après avoir suivi la formation, au cours de plusieurs mois, maintenant elle se bat pour pouvoir cultiver sa petite parcelle de terre de maison (de lakou) pour pouvoir nourrir les onze membres de sa famille. Elle me dit toujours « Chrismaine je dois lutter continuellement pour soulager la faim de mes petits frères et sœurs ». Cette jeune femme est une source de motivation pour moi. 

Chrismaine Sévère