
La Dalle à l’honneur des victimes de la misère,
Parvis des Libertés et des Droits de l’Homme
Trocadéro, Paris
LE 17 OCTOBRE 1987,
DES DÉFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME ET DU CITOYEN
DE TOUS PAYS SE SONT RASSEMBLES SUR CE PARVIS.
ILS ONT RENDU HOMMAGE AUX VICTIMES DE LA FAIM,
DE L’IGNORANCE ET DE LA VIOLENCE. ILS ONT AFFIRME
LEUR CONVICTION QUE LA MISÈRE N’EST PAS FATALE.
ILS ONT PROCLAME LEUR SOLIDARITÉ AVEC CEUX
QUI LUTTENT A TRAVERS LE MONDE POUR LA DÉTRUIRE.
LÀ OÙ DES HOMMES SONT CONDAMNÉS À VIVRE DANS LA MISÈRE,
LES DROITS DE L’HOMME SONT VIOLÉS.
S’UNIR POUR LES FAIRE RESPECTER EST UN DEVOIR SACRÉ.
P. Joseph Wresinski

« L’autre jour, je passais par là,
je ne reconnaissais même plus l’emplacement
du bidonville, ni celui de la cité.
Pourtant, que de larmes ont mouillé ce sol,
que de souffrances ont endurées
des centaines de familles sur ces lieux !
Que de cris ont percé le ciel !
Aucune stèle, aucun monument n’a été élevé,
aucune plaque commémorative n’a été posée...
Seule la chair des hommes en porte la cicatrice.
Pourtant, en ces lieux,
l’humanité a souffert comme nulle part ailleurs.
Nous avons vu des enfants mendier, couverts de honte.
Nous avons vu des grands humiliés...
Qui le saura ?
Qui en témoignera ? »
Quinze ans plus tard, le 17 Octobre 1987, le père Joseph Wresinski fait dévoiler à Madame Simone Veil, la Dalle à l’Honneur des Victimes de la Misère. "À travers cette Dalle..." disait le Père Joseph Wresinski, " l’humanité doit pouvoir se rappeler les grands témoins de l’histoire : les humbles, les petits, les riens du tout qui, au jour le jour, essayent de vivre des valeurs qu’on ne leur a peut-être pas apprises, mais que leur vie, leur coeur et leur intelligence leur ont fait découvrir."

La Dalle du Trocadéro est :
- un lieu à l’honneur des plus pauvres de tous les temps et de tous les continents,
- un lieu où est affirmé le refus de l’inacceptable condition faite aux plus pauvres,
- un lieu de rassemblement et de fraternité où tous peuvent renouveler leur engagement à agir pour que les droits de tout homme soient respectés.
A la suite de son inauguration en 1987, les plus pauvres et tous ceux qui refusent la misère et l’exclusion ont commencé à se rassembler dans le monde entier le 17 octobre de chaque année pour témoigner de leur engagement pour que la dignité et la liberté de tous soient respectées.

"Parfois la vie est dure, on n’espère plus, on laisse tout aller. Depuis l’inauguration de cette dalle au coeur de Paris, on sait que quelque chose a changé. On ne pourra plus nier ni oublier ceux qui souffrent de misère dans le monde."
"Cette Dalle, elle est pour ceux qui sont condamnés à vivre dans la misère dans le monde entier. Quand on est tout seul, les efforts que l’on fait ne servent à rien. Il faut soutenir ceux qui vivent dans la misère en France et dans le monde entier et qui, chaque jour, combattent pour vivre. Mettons-nous ensemble pour que tout le monde puisse vivre comme un être humain".
" Pour moi, la Dalle est un lieu grave : on donne une existence à toutes ces vies de souffrance et de courage qui ne sont reconnues par personne ".
" C’est un ami qui m’a invité à venir au Trocadéro. Ce fut un choc. J’avais du mal à croire que des hommes, des femmes, des familles puissent vivre une telle injustice dans mon propre pays... Avec des collègues de travail, on a décidé de se battre pour que notre entreprise embauche et forme des ouvriers non qualifiés. "
" La Dalle est notre fer de lance, notre cheval de bataille. Un lieu où, à chaque rencontre, doit naître quelque chose dans le coeur des gens. Un lieu de refus de toute forme de vice, de pensée, de parole ou d’action portant atteinte à la dignité et à la vie de l’homme".

"En tant que Secrétaire général des Nations Unies et surtout en tant qu’être humain, j’ai lu avec une émotion profonde ces mots du Père Joseph Wresinski.Cette inscription inspire de façon permanente nos efforts pour vaincre la pauvreté. Je suis représentant de l’ONU, l’organisation de la paix. Mais je ne crois pas que la paix soit tout juste l’absence de guerre. Nous ne pouvons pas parler de paix tant qu’il y a de la misère dans le monde.(...)Je crois qu’il faut aider le monde entier à se pencher sur la misère, combien douloureuse, dont souffrent des millions d’êtres humains. Je viens d’un pays où il y a beaucoup de misère. J’ai donc une compréhension toute spéciale des gens qui ont besoin d’être aidés par la communauté internationale dans son ensemble. Nous vivons dans un monde où l’interdépendance est le mot-clé. Nous dépendons les uns des autres. res. Les pauvres dépendent des riches, les riches dépendent des pauvres.(...)Je n’ai pour ma part ni pouvoir matériel, ni même politique. L’ONU dépend des gouvernements des Etats membres. Mais j’ai une force morale. Cette force-là, je la mets au service de cette cause dont le Père Wresinski a été si longtemps et reste au delà de sa mort le porte-parole".


Voir aussi
- Misère et Droits de l'Homme
- Agir pour la dignité
- Journée mondiale du refus de la misère